vendredi 5 novembre 2010

La carte et le territoire, Michel Houellebecq, génial ou insupportable?



Soyons honnête: Le personnage de Michel Houellebecq n'est pas de ceux que l'on qualifierait des plus sympathiques.  Arrogant, et d'abord prétentieux, je le classais dans la veine des auteurs qui m'irritaient, et dont je n'avais pas envie de découvrir l'œuvre.

A l'époque, je me suis donc fait violence pour découvrir Plateformes. Je ne le regrettais pas, puisque cette œuvre, profonde et révoltée m'a profondément marquée.

Annoncé comme LE roman de la rentrée, les critiques dithyrambiques m'ont donc tout naturellement mené à découvrir son nouveau bijou, qui a apparemment toute ses chances donc de remporter le grand, le fameux prix Goncourt!



Je l'ai lu rapidement, et j'ai savouré sa lecture. Je ne suis néanmoins pas aussi enchantée que certaines critiques le qualifiant DU livre de l'année, à avoir lu absolument, sous peine de devenir membre du clan très fermé des "has been littéraire".

L'œuvre présentée nous offre une belle trame. Son héros, Jed, un artiste en voie de devenir, nous décrit avec finesse les différentes étapes du processus de création artistique. A l'antipode de l'art "marketté",(matérialisé par un tableau de Jed représentant Damien Hirst et Jeff Koons) Jed crée par pulsions. L'art le domine totalement, et ne répond à aucune logique pécuniaire ou logique. Il crée sans réellement comprendre l'intérêt de produire cette œuvre, il sait que c'est ce qu'il doit réaliser, et pas une autre chose. Et même lorsque son premier succès pointe, et qu'il vend ces premières photographie à 2 000€ pièce, il décide d'arrêter cette série, ainsi que la photographie par la même occasion, car elle représente une période de sa vie désormais close.

Houellebecq décrit donc avec brio ce processus de création, en nous dépeignant un héros qui semble perdu, dépassé par un art qui le maîtrise totalement. En lisant ces pages, j'ai repensé à une phrase de Ingres qui m'avait marqué à l'époque:
"Avec le talent, on fait ce que l'on veut, avec le génie, on fait ce que l'on peut."

J'ai donc aimé ce personnage, tourmenté et dépassé, qui affronte les succès et les peines avec une passivité lascive, mais qui se retrouve animé dès qu'il se retrouve face son œuvre. Jed, cet être perdu, qui n'a que très peu, voire pas d'ami, qui ne saura pas rattraper la femme de sa vie, va pourtant se lier d'amitié avec l'écrivain Michel Houellebecq.

Aïe... Michel Houellebecq, un personnage, dans le roman de Houellebecq... Fantastique mise en abîme? Tentative d'auto dérision, par la création d'un personnage qui inspire plutôt la pitié que l'admiration?

Je ne sais pas... Je ne suis néanmoins pas sensible à cette tendance narcissique, qui pousse de plus en plus les auteurs à se mettre eux-même en scène dans leur propre œuvre  .

Quel intérêt à eu Houellebecq à créer son propre personnage? Ceci apporte t-il vraiment un souffle nouveau au paysage littéraire, ou cela nous confirme t-il plutôt que le succés littéraire ou artistique mène nécessairement à des troubles narcissiques aigüs?

La valeur littéraire incontestable de Houellebecq et la profondeur des thèmes abordés (la création, la mort, la solitude) n'ont pas réussi à me faire oublier le manque de simplicité de son auteur.

En bref, une belle œuvre, certes, mais ne le dites pas trop fort, cela pourrait monter à la tête de l'auteur...



...

2 commentaires:

  1. Hum... je n'avais vraiment pas accroché aux "particules élémentaires"... J'aurai du mal à revenir vers cet auteur.
    Néanmoins si la valeur littéraire est incontestable.. alors dans ce cas !

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  2. Je comprends totalement que l'on accroche pas avec le style "Houellebec". Pour moi, c'est un auteur insuportable, mais qui a néanmoins du talent.

    Mais si "Les particules élémentaires" avait clairement défini le style Houellebec, trash et provocant, je trouve que "La carte et le territoire" est devenu consensuel, et beaucoup plus lisse. On a la sensation qu'il a écrit le livre qui lui offrirait enfin son Goncourt.

    Et cette façon de se mettre en scène...

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