Lucia Extebarria est une bombe. Pas au sens purement physique du terme (même s'il me semble que de ce point de vue là non plus, les qualités de l'écrivaine ne sont pas à démontrer), je parle ici d'une dimension plus littéraire.
La célèbre romancière n'est plus à présenter, en particulier après son best seller Amour, Prozac et autres curiosités, parue en 2000. Souvent décrite comme l'Almodovar de la littérature espagnole, ses romans généralement hauts en couleur, détonnent avec leurs héroïnes aux multiples travers: Drogue, sexe, soirées dépravées, etc...
Ce roman, parut en 2006, m'a particulièrement intéressé, mais il marque pourtant une coupure avec le genre Extebarria. Désormais, l'héroïne (dont la vie ressemble à s'y méprendre à celle de l'écrivaine...)affronte une expérience moins sombre et en théorie plus gaie que celles qui peuplaient ses anciens romans: La maternité.
Rassurons-nous, nous ne sommes pas face à un roman dégoulinant de sentiments maternels triomphaux et de bonheur concentré. Non, l'auteur continue à nous offrir son mélange détonnant de situations catastrophiques, de déprime, et de questionnement à la source. Mais elle y ajoute une note touchante et résolument optimiste, en écrivant à sa fille une série de lettres lui expliquant sa conception et les durs mois qui ont précédé sa venue.
Rien n'est omis: Troubles de l'humeur, déséquilibre hormonaux, rencontres fortuite avec une star de cinéma sur lequel elle fondera tous ses espoirs de construire quelque chose, cuites magistrales... La maternité n'est pas nécessairement une expérience heureuse, surtout à la sauce Extebarria, mais elle permet enfin à la narratrice de sortir de son trouble dépressif narcissique, et de se rendre compte que ses tracas sont finalement bien relatifs. Sans aucune recherche d'embellissement d'elle même, la narratrice offre à celle qu'elle nomme son "prozac naturel" une peinture colorée et explosive de ses derniers mois de célibataire, en toute honnêteté.
Vous ne trouverez pas ce roman particulièrement prenant, certes, mais il reste délicieusement piquant. Il m'a provoqué quelques bons éclats de rire. Mais l'écriture racée de L. E est un cadeau . Car rare sont les auteurs aux références si nombreuses et pointues, qui offrent une prose remplie d'auto dérision et de simplicité.
Lucia Extebarria a conscience de sa force, mais elle nous présente des romans drôles et d'une rare finesse, qui conservent malgré tout leur fond de réflexion et d'introspection.
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